Fahrenheit 11 de Setembro
Fahrenheit 11 de setembro (Fahrenheit 9/11), de Michael Moore
Estados Unidos, 2004, 35mm, cor, 122’
“Palma de Ouro” no Festival de Cannes de 2004
Sinopse: Documentário que, por meio de imagens de arquivo nunca exibidas, revela
o que se passou no governo Bush antes, durante e depois dos atentados de 11 de
setembro.
De: "REYNALDO
FERREIRA"
Data: Tue, 25 May 2004 16:05:49 -0300
Assunto: Le Monde : "Fahrenheit 9/11" : un film de guerre pour chasser George W.
Bush
Theresa, Veja que belo artigo este do "Le Monde", sobre o filme de Michael Moore
Le Monde : "Fahrenheit 9/11" : un film de guerre pour chasser George W. Bush
"Fahrenheit 9/11" : un film de guerre pour chasser George W. Bush
LE MONDE | 18.05.04 | 14h03
L'auteur de "Bowling for Columbine", Michael Moore, signe un pamphlet efficace
qui vire parfois à la propagande.
Documentaire américain de Michael Moore (1 h 55.)
Après le dessin animé (Shrek) et le documentaire (Mondovino), un nouveau format
a fait son entrée dans la compétition : le matériel de propagande électorale. La
raison d'être de Fahrenheit 9/11 est unique et omniprésente tout au long du film
: empêcher la réélection de George Walker Bush en novembre.
Pour arriver à cette fin, Michael Moore a produit un film de près de deux heures,
dont il n'a tourné qu'un tiers environ. Le reste provient de bandes d'actualité
que le réalisateur a remontées, commentées et illustrées musicalement,
transformant les traces de l'histoire des Etats-Unis de novembre 2000 à avril
2004 en matériau cinématographique. L'idée étant d'évoquer une société qui
glisse vers le totalitarisme, d'où le titre, inspiré du roman d'anticipation de
Ray Bradbury, Fahrenheit 451 (mais, à la fin du film, Michael Moore cite 1984,
de George Orwell).
Il arrive que l'alchimie opère par le simple jeu du montage et du commentaire.
La séquence prégénérique rappelle le grand tour de montagnes russes que fut la
nuit du 7 novembre 2000. On y voit Ben Affleck et Stevie Wonder entourer le
candidat démocrate, Al Gore, célébrant sa victoire. Suivent rapidement les
cartes de Floride virant au bleu (la couleur des démocrates) sur toutes les
chaînes, avant que Fox News n'inverse la tendance. Et là, Michael Moore glisse
une incise : saviez-vous que le responsable de l'information sur Fox News était
le beau-frère de George Bush ? L'efficacité dramatique est incontestable. Mais
de la réponse à cette question dépend aussi une part non négligeable de l'intérêt
que l'on porte au film.
Les liens entre le clan Bush et l'empire de Rupert Murdoch sont de notoriété
publique, tout comme le rôle de Fox News dans le contentieux post-électoral
américain en novembre 2000. L'information était à la disposition de qui voulait
en prendre connaissance. Mais Moore ne s'adresse pas aux lecteurs du New Yorker
ou du New York Times, il aspire à convaincre les petites gens, ses concitoyens
de Flint (Michigan) qui n'en finissent pas de survivre, les familles qui ne
peuvent voir leurs enfants partir pour l'université qu'après les avoir vus
partir pour l'armée.
Avec sa structure strictement chronologique, sa pédagogie brutale et explicite,
Fahrenheit 9/11 fait d'abord oeuvre de propagande. Les chapitres, divisés avec
une régularité scolaire, se succèdent : la première année du mandat de George W.
Bush, le 11 Septembre, l'intervention en Afghanistan, le vote du Patriot Act, la
guerre en Irak.
COMMENTAIRES SUBLIMINAUX
Lorsque Moore dresse un tableau impressionnant des accointances entre la famille
Bush et l'industrie pétrolière texane d'une part et les familles Saoud et Ben
Laden d'autre part, il se rapproche du journalisme d'investigation télévisé,
avec ses documents dactylographiés en gros plan, ses experts qui profèrent leur
opinion avec une assurance que le reste de l'humanité leur envie. Parfois, Moore
glisse des commentaires quasi subliminaux : il explique que George W. Bush et un
camarade ont été suspendus de la garde nationale du Texas parce qu'ils avaient
omis de passer leur visite médicale... avant de faire entendre l'introduction de
Cocaine, par Eric Clapton. Mais là encore, pas d'informations nouvelles, juste
la mise en relation de faits connus et, pour les plus anciens d'entre eux,
souvent oubliés.
La séquence consacrée au 11 septembre 2001 relève plus du cinéma. La catastrophe
n'est montrée qu'en contrechamp - les visages des passants en larmes, les
millions de feuilles de papier qui volent dans le vent de l'incendie - avant que
l'on passe à une séquence en temps réel : M. Bush sur l'estrade d'une classe d'école
primaire, en Floride, où il vient promouvoir la lecture, avec sur les genoux l'ouvrage
My Pet Goat ("Ma Biquette"). Lorsqu'il arrive dans la classe, il sait déjà qu'un
avion a percuté l'une des tours du World Trade Center. En pleine lecture, un
collaborateur lui annonce - selon Moore - que "le pays est attaqué".
Le président des Etats-Unis reste muet pendant plus de cinq minutes, son album
illustré sur les genoux, pendant que l'entourage témoigne d'une agitation
croissante. Mais pendant tout ce temps, Michael Moore ne peut se taire et tente
de reconstruire le monologue intérieur de George W. Bush, monologue dont l'expression
du président des Etats-Unis ne laisse pas deviner l'existence.
Un véritable américano-centrisme triomphe dans la dernière partie, tout entière
consacrée aux souffrances des soldats américains en Irak et de leurs familles.
Là, Moore renoue avec les techniques de ses premiers films. On le voit à
l'écran, il intervient. Il se poste sur le trottoir devant le Capitole et
propose aux parlementaires d'inciter leurs enfants à s'engager dans l'armée.
Mais ces provocations ont changé de nature. Moore est devenu une célébrité, les
gens l'appellent par son nom avant même qu'il se soit présenté, et il ne fait
plus systématiquement preuve de l'humilité ostentatoire qu'il exhibait naguère.
C'est que Michael Moore n'est plus seulement cinéaste, il a trouvé le rôle de sa
vie : l'homme qui chassa George W. Bush de la Maison Blanche.
Thomas Sotinel
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 19.05.04
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